La France de la Quatrième République by Jean-Pierre Rioux

La France de la Quatrième République by Jean-Pierre Rioux

Auteur:Jean-Pierre Rioux
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Points
Publié: 2013-06-14T16:00:00+00:00


A lire les résultats chiffrés du « boom », on est d’abord tenté de célébrer les bienfaits de la planification. Le second Plan non seulement comble les retards accumulés par le premier et rectifie les déséquilibres que celui-ci avait engendrés par sa très dure sélection de priorités d’équipement, mais réalise pratiquement tous ses objectifs avec un an d’avance : dès 1957, on prépare le troisième Plan. Une production nationale de 29 % supérieure à celle de 1952, alors qu’était planifiée une augmentation de 25 %, une production industrielle à l’indice 145 et non 130, et une production agricole qui ne s’est hissée qu’à l’indice 117 au lieu de 120, les objectifs d’investissement dépassés en moyenne de 10 % : beaux succès, malgré une plus forte croissance des biens de consommation face aux biens d’équipement toujours en retard et sur la solidité desquels, on l’a vu, les pouvoirs publics entendent veiller scrupuleusement. Les investissements publics ont représenté, de 1954 à 1957, 26 à 29 % du total, avec une ventilation conforme aux priorités du Plan : 30 % pour la construction, 15 % pour l’industrie, 15 % pour l’énergie, 14 % à l’outre-mer, 13 % aux transports, 9 % à l’agriculture et à l’industrie alimentaire, 4 % aux œuvres sociales. Ils contribuent à pulvériser les prévisions pour la chimie (objectifs réalisés à 142 %), le logement et les constructions scolaires (111 %), l’électricité (105 %), le blé (116 %), les carburants restant bloqués à 85 % à cause de la crise de Suez, tandis que dans les branches dynamiques déjà signalées, automobile, construction électrique, textiles synthétiques, l’avancée est rapide. Ces bons résultats toutefois n’engendrent pas l’euphorie chez les hauts fonctionnaires du Plan, l’un d’entre eux, Jean Ripert, parlant même d’une « traversée du désert » de la planification après 195230. Quelles que soient les qualités du nouveau commissaire général, Étienne Hirsch, il n’a pas l’aura d’un Jean Monnet ; le Plan ne fait plus l’unanimité politique, puisque la CGT s’est retirée de ses commissions dès 1948 : le volontarisme des années héroïques de la reconstruction semble bien usé. D’autant que les interventions des planificateurs se font plus souvent à contre-courant des idées reçues, choquant les parlementaires dont seule la frange la plus éclairée est acquise aux vertus de la compétition et qui tardent à ratifier leurs projets, et souvent même tel ministre. Ainsi, averti par Gruson, Hirsch estime que le problème fondamental pour l’avenir de la puissance nationale est l’équilibre des échanges extérieurs et surtout dans le contexte européen. Mais il doit batailler longtemps pour faire décrocher dans le bureau du ministre de l’Agriculture le portrait du vieux Méline et obtenir qu’à partir de 1955 la balance des échanges agricoles avec l’étranger devienne pour la première fois excédentaire ; ou pour faire fusionner Cail et Fives-Lille qui se concurrençaient sur le marché européen des produits mécaniques ; et même pour convaincre de créer des sociétés d’ingénierie qui vendraient à l’extérieur des techniques françaises.

En fait, plus « cérébrale », plus sophistiquée aussi,



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